Compte-rendu
M. le maire a pris la parole pour introduire la réunion d’information. Il est revenu sur les raisons qui ont conduit à l’organisation de cette réunion, à savoir : la genèse du projet de microcentrale hydroélectrique suite aux sollicitations de plusieurs développeurs, la décision de la mairie d’organiser une consultation pour en sélectionner un sur la base de critères précis et lui confier le développement du projet de microcentrale contre le versement d’un loyer annuel, les périodes de confidentialité à respecter en lien avec cette consultation, le choix final de retenir la Société du Canal de Provence et d’en informer la population de Réotier à l’issue de la période de confidentialité.
Par la suite, la Société du Canal de Provence avec son partenaire Energie Partagée a effectué une présentation du projet, sa justification en lien avec les objectifs nationaux et territoriaux de développement des énergies renouvelables, ses objectifs, ses caractéristiques techniques et financières, son calendrier, et les prochaines étapes.
Les participants ont pu tout au long de la présentation poser leurs questions et obtenir des réponses de la part des animateurs de la SCP ainsi que de la mairie de Réotier. En voici la retranscription :
- Question : en quoi ce projet s’inscrit-il dans les objectifs régionaux en matière d’énergie renouvelable, déclinés dans le SRADDET ?
- Réponse : Le Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Egalité des Territoires (SRADDET) de la Région Sud prévoit de passer de 3756 MW installés de puissance hydroélectrique en 2021 à 3956 MW en 2030 et 4100 MW 2050. Pour atteindre ces objectifs, le SRADDET flèche en priorité les projets « rénovation ou création de petites centrales hydroélectriques sur canal, adduction d’eau potable et torrents, notamment dans l’espace alpin, en s’assurant du respect des continuités écologiques de l’eau ». Déclinés dans le Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) du Grand Briançonnais, ces objectifs se traduisent par « la mise en place de 10 petites centrales hydroélectriques d’ici 2030 » sur le territoire du Grand Briançonnais.
- Question : comment la puissance envisagée peut-elle être aussi importante, et notamment plus importante que celle de la microcentrale de Saint-Crépin (500kW) pour un torrent à l’hydrologie moins importante ?
- Réponse : La puissance installée dépend du débit maximum prélevé et de la hauteur de chute. Dans le cas du projet de Réotier, la hauteur de chute est nettement plus importante que le celle du projet de Saint-Crépin. Par ailleurs, chaque porteur de projet peut adapter et éventuellement réduire la puissance installée de la microcentrale en fonction de considérations sur l’investissement, le prix de vente de l’énergie, etc. C’est peut-être le cas du projet de Saint-Crépin.
- Question : comment peut-on être sûr que le prélèvement d’eau pour la microcentrale n’influera pas sur l’hydrologie de la Fontaine des Rois dont l’eau est prélevée pour l’alimentation en eau potable de la commune ? Le mode de fonctionnement de la source de la Fontaine des Rois est-il connu et documenté ?
- Réponse : Le fonctionnement hydrogéologique de la source de la Fontaine des Rois a été documenté lors de la réalisation du captage dans les années 90. L’étude hydrogéologique sera partagée avec la SCP qui réaliser ses propres investigations hydrogéologiques pour confirmer que le prélèvement à l’emplacement prévu ne perturbera pas le régime de la Fontaine des Rois.
- Question : Pourquoi avoir choisi comme point de prélèvement le pont des Bruns ? Avez-vous envisagé un emplacement alternatif vers la côte 1300 en aval du torrent du Clot pour capter un débit plus important ?
- Réponse : L’emplacement de prélèvement a été choisi par la SCP en accord avec la mairie car c’est ce qui semblait le plus pertinent à l’issue de l’étude de préfaisabilité réalisée par la SCP en 2022 (seuil existant, hydrologie suffisante, hauteur de chute importante). Ce scénario reste l’option privilégiée pour le développement du projet. La SCP ne s’interdit pas d’examiner des scénarios alternatifs comme celui proposé dans le cas où l’étude de faisabilité en cours conclurait à une hydrologie insatisfaisante au niveau du pont des Bruns.
- Question : La microcentrale sera-t-elle bien positionnée en amont des captages privés à Saint-Thomas ?
- Réponse : Oui, tel qu’indiqué dans le schéma de la présentation. Le rejet est prévu à ce stade en amont des prélèvements privés à l’aval du torrent.
- Question : Comment se fait-il que la commune de Réotier ne supporte aucun coût alors que la commune de Saint Crépin s’est endettée pour réaliser un projet similaire ?
- Réponse : Les modes de développement choisi pour ces deux projets par les communes diffèrent : la mairie de Saint-Crépin a choisi d’assurer la maitrise d’ouvrage et le développement du projet, a donc porté l’investissement (et donc le risque) du projet, et a recruté des prestataires pour les études et la réalisation des travaux. La mairie de Réotier a décidé de confier le développement à un tiers (la SCP) contre le versement d’un loyer annuel, pour bénéficier des retombées économiques du projet sans porter le risque lié à l’investissement, et la charge de travail associée à la maitrise d’ouvrage du projet. C’est le choix le plus communément fait par les petites communes qui n’ont pas les moyens de porter des projets d’une certaine envergure et technicité.
- Question : L’irrigation traditionnelle via le canal de Manouel restera-t-elle prioritaire sur la production hydroélectrique ?
- Réponse : Oui, le canal de Manouel continuera d’être utilisé pour l’irrigation. C’est une des conditions initiales très claires exprimées par la mairie.
- Question : N’y a-t-il pas d’autres canaux anciens ou éléments patrimoniaux remarquables sur le tronçon court-circuité qui risquent d’être impactés par le projet ?
- Réponse : L’étude d’impact environnemental du projet s’intéressera entre autres à ce point, le « faisceau d’études » englobera une zone assez large autour du torrent et du passage de la conduite. Si l’existence l’intérêt patrimonial de ces canaux et l’impact du projet sur ces derniers sont avérés, le porteur de projet sera tenu de proposer des mesures d’évitement et de réduction de l’impact.