Découvrez la Fontaine Pétrifiante de Réotier, un phénomène naturel unique où l'eau minérale façonne des formations calcaires spectaculaires. Un joyau géologique à ne pas manquer !
Un fleuron touristique … un espace à surveiller et à aménager
La fontaine pétrifiante est située sur la commune de Réotier, près du pont de chemin de fer qui traverse la Durance, un peu en aval du confluent Durance-Guil, à 2 km environ au sud de la gare de Mont-Dauphin. Cette fontaine se construit elle même en déposant le calcaire dissous dans l’eau. L’avancée progressive du bec versant (appelé parfois Bec de l’Aigle), apparaît comme un dragon crachant de l’eau. Ce bec s’est cassé naturellement en 1981 sous son propre poids, mais depuis il est presque reconstruit. L’eau provient d’une source située plus haut et parvient jusqu’au bec versant par un canal constitué de dépôts pétrifiés. Au-dessous du versoir, la chute de l’eau crée une vasque circulaire qui s’agrandit, les ondes progressant au fur et à mesure de la création. L’ensemble est de couleur ocre blanc, mais des mousses vertes et rouges ajoutent çà et là des touches de couleur.
Histoire
Au mois d'août 1889, lors de la construction du chemin de fer, on a découvert près de la fontaine, 300 pièces romaines en argent ou bronze, s'échelonnant depuis le règne d’Auguste à celui de Constance II. On a également trouvé “une petite jambe de bronze ... romaine”, placée comme exvoto. Ces objets sont considérés par les archéologues comme des dons des voyageurs empruntant la voie romaine. Ils pensent qu’un sanctuaire se situait près de ce lieu et la coutume de jeter des pièces dans les sources a persisté. On a donc confirmation du passage ici de la voie Arles-Rome.
Aspect géologique
Les 3 sources (celle-ci et les 2 de plan-de-Phazy) se situent sur la “grande faille de Durance” qui s’étale, dans notre canton, du col d’Anon au col de Vars. Cette fracture qui, selon les géologues, peut se prolonger jusqu’à plusieurs kilomètres sous le niveau du sol, recueille les eaux d’infiltration, qui se chargent, dans leur périple, de sels minéraux. Au fur et à mesure que ces eaux descendent en profondeur elles augmentent en température jusqu’au moment où, poussées par la pression, elles ressortent à la manière des geysers. Mais le périple tortueux qu’elles empruntent fait qu’elles arrivent au sol avec peu de pression et une température réduite.
La fontaine pétrifiante n’atteint en permanence que 20° alors qu’à Plan-de-Phazy on a 28°. La teneur en sels minéraux est également plus faible (5 gr/l pour 7 gr/l). La composition chimique varie également, ce qui fait penser que les circuits sont différents. D’autres sources de même type se situent probablement dans le lit de la Durance mais se perdent dans les dépôts sablo-graveleux.
La pétrification
Cette eau est fortement chargée de sulfate de chaux, carbonate de calcium et de magnésium, et de sel. Elle est chimiquement et bactériologiquement pure. Mais la libération du gaz carbonique à la sortie et lors de l’écoulement, précipite les sels qui se transforment en dépôts solides englobant les mousses ou autres débris et créant ainsi le tuf. Ce phénomène existe ailleurs dans notre canton : sur Réotier, d’autres sources vers les Moulinets ou l’Aubrée sont également pétrifiantes ; celle de Gros, des Fontettes, ... témoignent du long cheminement souterrain des eaux des sources du Guillestrois.
Tourisme
Il faut voir la fontaine pétrifiante au printemps, le bruit de l’eau se mêlant aux chants des nombreux oiseaux qui vivent en ce lieu humide et boisé. Ou encore en hiver lorsque l’eau ayant gelé, d’énormes glaçons s’accrochent à la fontaine lui donnant l’allure d’un monstre aux dents longues et acérées.
Après avoir parqué son véhicule, le visiteur est amené à parcourir un espace aménagé où sont installés des “crapauds jaunes”, curiosité locale protégée. Puis un chemin de terre, au pied de la falaise, sur environ 300 mètres permet d’atteindre la fontaine. Un chemin de promenade circulaire a été installé. Il contourne la fontaine, remonte la pente jusqu’à la source même. Il traverse une zone de garrigue où foisonnent les chênes, les genévriers, les lavandes et autres plantes aromatiques des versant exposés au soleil. On peut déposer de petits objets dans le bassin et quelques mois après, ils sont recouverts d’une fine pellicule blanchâtre leur donnant un aspect de pierre. Il est bon de rappeler que “pétrifiante” provient du latin petra, pierre et facere, faire.
Les informations ci-dessus sont tirées d'une publication éditée par l'association "Pays-Guillestrin". La conception et la réalisation sont de C & J Combe. http://paysguillestrin.fr
Autres références et informations liées
- Informations géologiques
- Les sources thermo-minérales par F. Blanchet
- La fontaine pétrififiante : une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique
Nous invitons les Roteirolles à aller revisiter leur fontaine pétrifiante dont ils doivent tirer une légitime fierté.