27 juin 2016
La route de l’Alp un lien vital, outil pastoral et touristique
Route del’Alp vers 2200m
Depuis le début du siécle les chemins avaient été élargis. Avant tout pour les travaux forestiers. La Selle était le terminus aprés la guerre 1939-45.
Dans les années 1970 un outil déterminant pour l’avenir de la vie rurale voit le jour : la route de l’Alp est crée,les pistes pastorales et forestières du Vallon et de liaison vers Champcella sont améliorées.
Désormais la liaison entre le haut et le bas de la commune est rapide, commode, permettant une modernisation de l’activité pastorale toute entière.
Paradoxalement ces meilleures communications n’empêcheront pas la disparition presque complète des exploitations. Déja depuis la guerre le ramassage du lait (voir ici) vers Montdauphin avait semble t’il stabilisé la situation ? Il n’en sera rien. Dés les années 1970, les petites montagnes comme Truchet ou Mikéou sont abandonnées.
Il est trop tard. L’attractivité des plaines et des villes va saigner les forces vives de la commune. La route de l’Alp, une des plus hautes des Hautes Alpes, sera un outil pour une autre forme de vie pastorale caractérisée par un petit nombre d’éleveurs,un plus grand nombre d’ovins regroupés en un seul troupeau avec un berger professionnel, un troupeau de bovins plus réduit venant des communes voisines pour l’essentiel, laissé en libre pâture dans des parcs.
Par contre l’attractivité touristique va profiter à tout le Guillestrois. La Tête de Vautisse devient commodément accéssible. Son ascension trés justement à la mode voit chaque saison des centaines de randonneurs emprunter la piste de l’Alp. Ces nombreux touristes tombent sous le charme de cette montagne vivante. Ce dossier leur est aussi destiné.
DES CHEMINS PASTORAUX AUX SENTIERS TOURISTIQUES
Dans la vie moderne le véhicule à moteur devient roi. Tous les itinéraires traditionnels qui lui sont interdits se meurent.Les liaisons par routes entre les hameaux ont, sauf rares exceptions, vu disparaitre ou se détériorer les sentiers et les chemins muletiers. La végétation, en guère plus d’une génération, a dévoré ces tracés séculaires. Essayer de les emprunter aujourd’hui est moins qu’évident. Joindre La Grangette aux Casses est une expérience « piquante » pour traverser d’agressifs rideaux de cynorrhodons et autres épineux. Vous repèrerez parfois difficilement le vieux chemin, car sur son tracé aplani, la meilleure terre et l’eau on fait pousser les plus beaux arbres. Quelques uns plus chanceux ont échappé à l’oubli car appartenant au réseau des GR ou des PR. Balisés, entretenus et surtout fréquentés ils gardent tout leur charme. Ainsi du GR50 joignant le vallon de Couleau à Pinfol pour rejoindre Mikéou puis, plus loin le Ponteil et Champcella sur l’itinéraire des balcons de la Durance. Le gite étape de Pinfol y trouve une partie de sa clientèle. Ils connaissent une recrudescence de fréquentation avec le VTT. De nouvelles menaces pèsent alors sur eux, avec le ravinement et la multiplication des raccourcis l’aggravant un peu plus. Il faut reconnaitre que les dégâts sont beaucoup plus graves dés qu’ils deviennent le terrain de prédilection de quelques motards de trial ou des quads. Le chemin de la table d’orientation depuis le Cros ou l’Eglise en est l’illustration.
Au dessus des hameaux, c’est encore autre chose, les chemins traditionnels et les drayes n’existent plus s’ils ne sont pas devenus des pistes de tirage de bois. Ces dernières très nombreuses s’entrelacent sur tout le versant forestier, jusqu’à plus de 2000 mètres d’altitude. Il y a de tout : des raides, des traverses, des boucles, des culs de sac…. En dehors des pistes officiellement ouverte à la circulation, c’est l’anarchie.
Et nos troupeaux dans cette histoire ? Ils sont les rois de l’espace. A part les pistes carrossables qu’ils empruntent peu, ils n’ont cure des chemins des bipèdes, traçant eux-mêmes des centaines de lignes parallèles plus ou moins en courbe de niveau (les pieds de moutons).
Les seules méritant le nom de chemin sont celles des retours vers une cabane, dans les zones escarpées. Ainsi la traverse de la crête de la Brèche sur le ravin du Clot et la cabane du Clos la Fourme autour de la courbe 2000. Ailleurs les milliers de pieds en désordre ont plutôt tendance à détruire les chemins, devenant des coulées de pierres ravagées par l’érosion : les chemins du Laus, descendant ou remontant sur la Crête de Prénetz en sont un exemple. Même l’aménagement fait pour monter les vaches au plateau de Roche Charnière, n’a pas résisté au passage des moutons.
En clair les cheminements de la vie pastorale traditionnelle, sentiers muletiers ou drayes, sont un vieux souvenir s’évaporant de la mémoire avec la disparition bientôt complète des « anciens ».
Des cabanes « abris » aux cabanes « solaires »
On ne parle plus des « Petites montagnes » de Mikéou, Truchet ou du Villard. L’activité pastorale y a disparu dans les années 1970. Elles sont devenues des résidences secondaires pour la plupart (voir plus loin le texte de Charles Gardelle).
Nous parlons uniquement des cabanes d’estive occupées l’été par un berger gardant les moutons du groupement pastoral. La commune dispose de trois cabanes : La cabane du Vallon (ou Clos la Fourme), la cabane de la Selle, toutes deux à 2000m d’altitude, et la cabane de l’Alp à 2392 mètres.
Ces sites très anciens nécessitaient autrefois plusieurs heures de marche depuis les hameaux. Les cabanes de pierre à pièce unique surmontée d’un fenil sous le toit de lauzes puis de tôles, étaient petites et sombres. Pour le berger c’était des abris inconfortables, enfumés à l’état de crasse ou de délabrement légendaire.
Toutes ont été remplacées en 2009 par de nouvelles cabanes en maçonnerie, plus vastes, plus claires, plus confortables, disposant de l’éclairage photovoltaïque. Le berger arrive en voiture devant sa cabane. Elles sont propriétés communales mises à la disposition du groupement pastoral.
Vieille cabane basse du Vallon – Cabane actuelle du Vallon, dite du Clos la Fourme – Cabane primitive du Clos la Fourme.
Site du Vallon : Il compte deux vieilles cabanes : la plus connue à la cote 1978 rive gauche du torrent du Vallon, ne sert plus que de débarras. C’est la plus commode d’accès, la plus proche de l’eau et la plus esthétique pour son bâti traditionnel. La cabane actuelle dite du Clos la Fourme, sur le replat rive droite du torrent à la côte 2002 est confortable mais manque de charme. Elle n’a pas l’eau courante. Le berger doit s’approvisionner au torrent plus bas. Sur le replat 2070 au dessus se trouvent les ruines de la plus ancienne cabane du Vallon. A l’époque de son activité, le berger disposait d’une petite source un peu au dessous, aujourd’hui moribonde.
Nouvelle cabane de la Selle fonctionnelle.
C’est pour cette raison que la vielle cabane, s’était enterrée en amont et en bordure des coulées. Ce qui n’empêcha pas sa destruction en 1924 et 1930 et des reconstructions répétées. Tant pis pour l’esthétique : le parti pris retenu par le propriétaire est celui d’une cabane tremplin aux structures renforcées. Le berger dispose de réserves et profite de l’eau courante sur l’évier.
Cette cabane est un peu la charnière du système pastoral de l’estive. C’est la plus centrale et la plus commode d’accès. C’est ici, que le plus souvent sont effectués tris des bêtes et soins.
Site de l’Alp : c’est presque idéal. Pas de risques naturels, bon ensoleillement, vue dégagée sur les pâturages en pentes douces et les montagnes environnantes…Malgré la forte altitude (2392) la route arrive devant la porte. La nouvelle cabane dispose du confort et de l’espace. L’ancienne cabane à trente mètres sert de réserve. Le seul handicap du lieu est, pour le berger, la fréquentation touristique. La qualité esthétique du site attire des centaines de randonneurs : la Tête de Vautisse a une réputation dépassant largement le Guillestrois. Bien que plus intimiste, la balade au vallon du Lac (Le Laus) attire, elle aussi, de plus en plus de monde. Il faut compter encore avec les nombreux automobilistes, motards ou cyclistes qui veulent inscrire à leur tableau de chasse, une des plus hautes routes des Alpes.
Matériel et équipements : UNE VIE PLUS FACILE
La encore les temps ont changé. Le modernisme a révolutionné les pratiques pastorales, surtout pour le travail des éleveurs dans leurs exploitations.
Les éleveurs ne sont plus qu’une poignée, mais à la tête d’exploitation plus importantes. Depuis la deuxième guerre, les aides nationales et européennes leur ont permis de disposer de nouveaux bâtiments d’exploitation et d’acquérir un matériel spécifique performant. Ils ont pu ainsi augmenter la taille de leur troupeau.
Les bâtiments :
Le matériel technique :
L’assistance sanitaire :
Les parcs mobiles :
Fini les enclos de pierre ! Grâce aux pistes, bergers et éleveurs peuvent déplacer facilement et rapidement, les parcs mobiles, les filets et tout le matériel nécessaire pour les comptages et les soins. ainsi chaque semaine les éleveurs peuvent se rendre compte de l’état sanitaire de leurs bêtes et apporter les soins qui conviennent.