Louis Volle - 25 août 2017
Le territoire de la commune de Réotier est connu pour son ensoleillement. La réputation ancienne de son vignoble atteste de son climat sec et chaud (voir ici). Pourtant son eau est plus fameuse encore que son vin ! La Fontaine Pétrifiante lui assure une notoriété certaine depuis l’antiquité. (voir ici). Cette eau aux vertus minérales, et surnaturelles pour les esprits crédules, n’a pas eu de rôle dans l’économie jusqu’à une époque très récente. Mais, alors que le vignoble connait sans doute ses dernières vendanges,l’eau de la fontaine semble vouée à un avenir prometteur. Son attrait touristique progresse et les chimistes de l’Occitane s’intéressent à ses qualités cosmétiques ?
Fontaine pétrifiante en hiver. Seules les dérives de faible épaisseur suintant en bordure peuvent geler. Le flux principal dépassant les 20° en toutes saisons résiste sans tarir aux plus dures conditions.
En réalité l’histoire des populations rurales et pastorales de notre commune a été conditionnée par la maîtrise de l’eau. Elles ont trouvé et valorisé un potentiel hydrologique de qualité. Grace à un labeur collectif acharné et séculaire, les paysans d’ici ont créé autour de leurs maisons et de leurs champs cultivés des conditions d’oasis sur leur adret surchauffé l’été.
Bassin de la pisciculture en juin. Le niveau de l’eau est maximal. On pourrait se croire dans l’ouest de la France.
Le relief favorise une bonne récupération des précipitations par l’importance du dénivelé (2280 mètres entre 876m au bord de la Durance et 3156m au sommet de la Tête de Vautisse), et surtout par sa position. Le massif de Vautisse est un peu comme une borne à l’articulation de la vallée de la Durance. Elle passe brutalement d’une direction sud ouest-nord est à une direction sud nord. Les masses d’air les plus humides venant de sud et sud ouest sont contraintes à des changements d’altitude et de direction favorables à une augmentation des précipitations.
L’adret de Réotier en juin, encore bien vert, vu de la butte de Barbein.
Le territoire de Réotier intégralement visible depuis Combe Chauve. Depuis la Tête de Fouran, la crête de la Brèche, de plus en plus large descend sur le plateau de Mikéou, rive droite du ravin du Clot. Elle se poursuit vers l’aval, de bosses en bosses (La Crose et la Table d’Orientation), rive droite du torrent de Saint Thomas, délimitant l’adret et l’ubac de Réotier. Elle délimite surtout la zone d’habitat permanent et de l’agriculture. Au delà c’est le royaume de la forêt et des alpages.
La topographie, contrastée, oppose le versant sud-est descendant de la tête de Fouran au versant est du massif de Vautisse.
L’ADRET DE REOTIER
C’est un immense talus entre 2460m et 876 m n’offrant que des petits replats peu favorables à la constitution de réserves aquatiques souterraines. L’exception remarquable est la combe secrète de Manouel au pied des barres de la Coste des Chamousses entre 1800m et 2100m, orientée ouest est, conservant un enneigement tardif, bien alimentée par la grande avalanche du couloir dit de Manouel.
La combe secrète de Manouel au pied des barres des Chamousses.
Au dessous, seuls les replats de Rabastelle sont un peu propices au stockage d’infiltrations. Ainsi ce versant n’a pas d’écoulement aérien digne de ce nom. La nature géologique des terrains ne livre que des roches perméables, avec des éboulis et de rares affleurements de schistes ou d’argiles permettant une sortie de l’eau permanente en surface comme la petite source de Rabastelle au dessus du site d’escalade de Pinfol où peuvent s’abreuver les randonneurs du GR50. Quelques sources au bas du versant ont déterminé l'implantation des hameaux : celle du Goutail a donné son nom au lieu . L’immense talweg du torrent de Pinfol, formé sous des climats différents de l’actuel, ne connait un écoulement de surface que lors d’épisodes d’orages violents. Son tracé encombré d’éboulis, de blocs et envahi de végétation au dessous de 1800m est victime d’une sorte de phénomène de pavage qui fait que l’eau s’évacue sous la surface ne ressortant qu’à de rares endroits ou lors des crues. Toute son eau souterraine est récupérée par la Durance, sous la Clapière, à St Clément. Un pont de la ligne de chemin de fer souligne son potentiel de drainage lors des crues. Cette ligne de chemin de fer est le meilleur endroit pour comprendre le type d’écoulement de ce versant. En se promenant de St Clément à la Fontaine pétrifiante on rencontre en permanence des petites sources, des zones humides qui ont nécessité de nombreux aménagements lors de la construction de la ligne de chemin de fer.
Le versant sud est de la Tête de Fouran. Juste sous le sommet à gauche, l’immense talweg du torrent de Pinfol limitant administrativement Réotier et Saint Clément. A sa gauche en bas, la terrasse des Clots ; à sa droite,en haut, le plateau de Pinfol.
C’est pourtant sur ce versant que se sont implantés les hameaux de Réotier pour travailler tous les replats et morceaux de pentes adoucies. Des générations de paysans ont crée un beau terroir agricole en aménageant tout ce qui était possible avec des centaines de murs et murettes soutenant des terrasses parfois microscopiques. La taille des talus d’épierrement donne une idée de l’entêtement des hommes dans ce travail collectif. Avec la déprise agricole, le tracteur n’utilise guère que les vrais parcelles plates si elles sont assez vastes.
Jeanine Guieu devant « son » bassin des Mensolles basses. Plus de vaches, plus de lavandières, c’est un élément avant tout décoratif.
La maîtrise de l’eau conditionnait non seulement l’implantation mais aussi le dévelopement des hameaux. On n’hésitait pas à faire des canaux à tous les niveaux pour ramener l’eau du versant est. Avec la poussée démographique jusqu’au milieu du XIXème siècle ce renfort d’eau était indispensable pour la vie de la famille et pour irriguer les champs dont la production devait nourrir des bouches plus nombreuses.
Le canal de Truchet, à Pra Bouchard toujours en service.
Ainsi chaque hameau avait son système autonome d’alimentation en eau. La fontaine « publique » était le point stratégique pour les hommes comme pour le bétail (voir ici). Pour certains hameaux c’était plus faciles que d’autres. Aux Sagnes l’eau jaillissait abondamment. Chaque maison avait son bassin.
Aux Sagnes l’eau est abondante. La combe supérieure du Rialet (appelé ici le Bellourenc) est un original milieu humide en aval de Ciuset (Chausset autrefois), avant que la réunion des eaux n’alimente le ruisseau permanent homonyme terminant sa course à l’est des Moulinets dans la plaine de l’Isclette.
Au contraire sur le site primitif du Château, l’eau faisait totalement défaut. C’est la position stratégique qui commandait. Qu’à cela ne tienne : on a amené l’eau depuis les Fontaines, sans doute par le « légendaire » canal du Serre puis de manière certaine par tous les petits canaux partant des zones humides du Rialet vers la Combe et la Grangette.
Le climat était plus favorable qu’aujourd’hui si l’on en juge par l’appellation de Font Bonne qui ne se justifierait plus maintenant. Des hameaux comme l’Aubrée ou le Cros seraient inhabitables aujourd’hui sans le génie civil contemporain. Le ruisseau de la Grand Combe (appelé Combette aux Sagnes ?) dont le talweg est sec jusqu’à 1130m au niveau des Sagnes a du connaitre un débit plus soutenu puisqu’il a donné les noms de deux lieux liés à l’activité passée : Le Moulin vers 1110m et les hameaux des Moulinets.
Le ruisseau de la Grande Combe au pont des Moulinets. Une arrivée très suggestive et esthétique à Réotier.
Les archives communales révèlent que pour la municipalité de Réotier l’approvisionnement en eau a été un souci permanent. En particulier pour Le Fournet, Pinfol et les Casses. La difficulté de s’approvisionner participe certainement à l’abandon plus précoce des hameaux de la Bourgeat et Pinfol. Ce sont les canaux (voir ici) qui ont permis un niveau correct d’approvisionnement jusqu’à la solution radicale du problème en 1990 par l’adduction moderne pour tous les habitants par le réseau de la Fontaine des Rois.
L’ENVERS DE REOTIER
Quel contraste avec l’Endroit ! La route goudronnée s’arrête à Mikéou. L’agriculture aussi ! Altitude oblige bien sûr. Nous passons au-dessus de 1500m. Mais venez au printemps ou à l’automne pour mieux mesurer le véritable trésor de Réotier La piste de l’Alp permet un inventaire instructif de cette richesse : elle s’élève dans un superbe mélézin jusqu’à 2300 mètres d’altitude pour finir en plein ciel sur les vastes pâturages de l’Alp De novembre à mai il faudra faire l’essentiel du parcours sur les skis ou en raquettes car la neige recouvre tout, assurant à Réotier un capital hydrologique remarquable. La disposition du relief est faite comme sur mesure pour accueillir tout ce que les cieux veulent bien distribuer comme eau. Nous sommes sur le plan de pendage des fameuses nappes du flysch, peu inclinées qui offrent une surface assez homogène, perméable certes mais cachant au dessous d’autres surfaces souterraines plus imperméables de schistes, d’argiles ou de gré. Ainsi l’eau s’infiltre, peut s’accumuler et rejaillir en de nombreuses sources ou petits talwegs.
L’extraordinaire empilement des nappes sur sa bordure sud, faillée et éventrée par l’érosion. Le décalage entre une couche supérieure gréseuse, dure, pinçant une couche tendre de marnes et de schistes noirs reposant sur une puissante strate de schistes calcaires plus résistants a permis la création du merveilleux balcon du Laus, perché sur mille mètres d’escarpements au dessus du Couleau. Illustration parfaite de la « complicité » de la géologie, de la tectonique, des érosions glaciaires, périglaciaires et torrentielles pour nous livrer des paysages d’une grande esthétique.
La forêt continue qui recouvre tout le versant fixe cette eau, limite l’évaporation et accumule de fortes épaisseurs de neige étalant ainsi la redistribution de cette eau sur des périodes beaucoup plus longues. Cette structure géologique a fait aussi un beau cadeau. Au dessus de 2400 ce ne sont que plateaux en pente douce dominés par les crêtes de Fouran , Prenetz et Vautisse. De vastes pâturages de qualité aux espèces végétales variées et riches, frais toute la saison d’été pastorale.
L’envers de Réotier de Fouran à Vautisse. En cet hiver 2017 tardivement et peu enneigé on constate que la neige est bien présente au dessus de 1600m. Sur les plateaux de l’Alp elle aura tenu de mi octobre à fin mai.
Cette longue arête accroche les nuages, augmente les précipitations, fait tournoyer les vents. De belles corniches ourlent cette ligne aérienne. Au dessous la neige s’accumule. Quand le « stock » est trop important de belles avalanches poudreuses dévalent les ravins, se taillant de larges trouées au cœur de la forêt. Plus modestes, plus sournoises pour le skieur, les plaques à vent pullulent et participent à ce travail de nettoyage des versants et de mise en réserve d’eau sur les replats.
Belles plaques sous la Crête de Fouran face à la cabane de L’Alp. Elles colmatent les replats morainiques et fournissent une bonne réserve d’eau pour les sources des Terres Noires en été.
Les glaciations quaternaires ont bien aménagé ce relief : les ravins du Clot, du Vallon et la Combe de la Selle, anciens lits de glaciers de cirques sont de remarquables couloirs d’avalanches et talwegs torrentiels.
Regardons de plus prés.
LE RAVIN DU CLOT
C’est le plus méridional est le plus encaissé : d’abord bel amphithéâtre au pied des escarpements rocheux supportant la Crête de la Brèche et le plateau de l’Alp, il se transforme au dessous de 2100m en un étroit corridor dévalant jusqu’au ruisseau de Saint Thomas à 1300m. L’empreinte glaciaire, visible, reste le replat de dépôts morainiques du pt 2134.
Très froid l’hiver, il est aussi très enneigé. Les vents de sud ouest transportent et accumulent les neiges de la vaste croupe de la Brèche sur ses raides pentes nord. C’est un lieu dangereux l’hiver pour ses plaques à vent chroniques.
Le ravin du Clot : à gauche la crête de la Brèche de la Tête de Fouran (2460m) dont l’arête sommitale rejoint le plateau de l’Alp dominé par le Pinfol (2649m). A gauche le cirque supérieur du Clot (dit parfois de Côte salée) ; a droite la combe supèrieure du Vallon.
Régulièrement les avalanches de poudreuse balaient la partie supérieure. Les grandes avalanches centenaires le purgeaient de ses bois jusqu’au niveau de Pré Michel vers 1550m.
Avalanche habituelle du versant du Clot de la Tête de Fouran.
Aujourd’hui les arbres font la reconquête du chenal d’écoulement. Entre 1700m et 1900 m ils ont été détruits encore dans les cinquante dernières années mais depuis le souffle des avalanches les plus puissantes n’a pas dépassé le niveau de la piste supérieure du Vallon vers 1920m. Au dessus les tentatives d’installation de la forêt sont régulièrement tenues en échec, mais avec des épisodes destructeurs de moins en moins fréquents et de moins en moins étendus. Avec le maigre hiver 2016/2017 les dépôts n’ont pas dépassé la côte 2050m. L’été le torrent n’existe qu’au dessous de 1750m. C’est le réservoir naturel d’eau de la commune le plus proche alimentant en partie le canal de Manouel (voir ici), vital autrefois, pour les hameaux de la Bourgeat et des Casses, renforçant celui de Beauregard. Avec le petit talweg parallèle un peu au sud il nourrit les nappes de plusieurs sources permanentes dans le secteur de Pré Michel.
LE VALLON
Le Vallon correspond au talweg du torrent de Saint Thomas. Sa partie supérieure est un cirque sous les barres supportant le plateau de l’Alp vers 2300m. Quand le torrent de l’Alp les franchit il devient le torrent de Saint Thomas. Au sud elles disparaissent au profit d’une combe encaissée sortant sur le plateau de l’Alp sous le Pinfol (2649m). C’est elle qui assure le meilleur remplissage en neige. Par sa configuration et son exposition au nord, elle accumule de fortes épaisseurs alimentant de puissantes avalanches déposant leurs dépôts chaotiques sur le plateau 2100m.
Le Pinfol dominant le Vallon. Ses coulées traversent l’extrémité du plateau de l’Alp et vont déclencher celles du Vallon proprement dit.
Le Vallon supérieur au printemps dominé par le plateau de l’Alp et le Pinfol. Les arbres ne réussissent pas à s’installer durablement. Petits, la neige les recouvre et les courbe. Plus grands, le souffle des avalanches les arrache ou les brise.
Les plus vigoureuses, plusieurs fois par siècle poursuivent leur chemin avec virulence dans le ravin au dessous jusqu’à la piste du Vallon vers 1960, bousculant lors du dernier épisode, les équipements touristiques du pont de Clos la Fourme.
Le ravin du torrent de St Thomas en amont du pont de Clos la Fourme le 15 mai 2017. Peu de neige cet hiver. L’avalanche peut remplir le chenal d’écoulement et abandonner une langue terminale chaotique épaisse de plusieurs mètres ou les bois éclatés s’enchevêtrent. L’opposition adret (sec à droite) et ubac (encore enneigé) est bien visible.
Avec un bassin de réception aussi vaste et aussi bien alimenté, le torrent de Saint Thomas est « LE » torrent de Réotier abondant le cours de la Durance à 893m.
Le torrent de Saint Thomas juste avant sa confluence avec la Durance.
Il faut de fortes canicules et surtout un pompage excessif de l’arrosage par aspersion, pour que ses eaux de surface n’atteignent plus la Durance en été. A noter qu’il a connu des crues ravageuses pour le hameau de Saint Thomas, la dernière en novembre 1963, qui expliquent son curetage et son endiguement du cours inférieur. Il abreuve de nombreuses sources dont la fameuse Fontaine des Rois.Il nourrissait autrefois tout un réseau de canaux à partir du canal de Beauregard (voir ici). Son ravin inférieur au dessous de 1500m est un no man’s land s impraticable, boisé et buissonneux, paradis pour la faune sauvage.
L’ALP
Les plateaux de l’Alp étalent leurs bosses et leur réseau de talwegs peu prononcés de la Tête de Fouran (2460m) jusqu’au col de Rougnoux (2748m) au pied de la Tête de Vautisse. Ils sont couverts de neige de novembre à fin mai.
Mi juin 2017 : la source du torrent de l’Alp vers 2700m aux Terres Noires. La neige finit de se liquéfier sur fond de Vautisse. Des lacs temporaires se forment.
Le torrent de L’Alp prend sa source à prés de 2700m dans le creux des Terres Noires. Il n’est vigoureux qu’en fin de printemps à la fonte des neiges.
Renaissance saisonnière annuelle du torrent de l’Alp en juin.
A partir de mi juillet tout son chevelu supérieur s’assèche progressivement et seul le rameau, le plus au sud, au dessous de 2460m alimenté par les sources dites des Terres Noires continue de couler pour devenir le torrent de Saint Thomas sous les barres rocheuses. C’est à ce niveau de sources qu’est captée l’adduction d’eau de la cabane de l’Alp.
Le captage de la cabane de l’Alpe. Source récupérant les eaux infiltrés dans les vastes bourrelets morainiques sous la Crête de Fouran (2683m) à la faveur d’un joint imperméable de marnes argileuses noires.
Plus au nord l’hydrographie est « intercommunale » !
Le torrent de Bouffard, né dans la superbe combe pastorale de la Selle s’échappe sur Champcella et Saint Crépin dés 1724m. En fin d’été il a des difficultés à garder des eaux de surface à la cabane de la Selle.
La combe de la Selle à l’automne depuis Roche Charnière. L’opposition Adret sec et ubac enneigé est bien visible.
Cette combe, connait dans sa branche ouest l’une des plus puissantes avalanches du secteur, accumulant les surcharges des pentes sous les barres du plateau de l’Alp entre le cairn 2608m et l’ancienne Croix des Résinières.Quand elles sont poudreuses elles passent sur le toit de la cabane qu’elles ont détruite par leur souffle avant de s’engager dans le ravin du torrent de Bouffard. Les anciens, plus prudents que les modernes avaient installé la première cabane plus haut sur la rive à l’abri de rochers et des arbres. Pour la dernière reconstruction la commune a opté pour rester au bord de la piste carrossable, sur le tracé potentiel des coulées, mais avec un toit plat servant de tremplin.
Cabane et combe de la Selle. Faible remplissage en mars 2010. Le toit de la cabane n’a pas servi de tremplin. Pour la première fois depuis très longtemps il n’y a pas eu d’avalanche généralisée de la combe durant l’hiver 2016-2017.
Le torrent de Feyssolles n’intéresse Réotier que par sa rive droite supérieure au dessus de 2474m. C’est une succession de petits plateaux lacustres. Trois grandes « flaques » d’eaux permanentes donnent de beaux motifs esthétiques et servent d’abreuvoir pour les moutons de Réotier ou Champcella parcourant les quartiers d’août des Terres Noires et de Prenetz. Le lac Trouble au site enchanteur manque d’étanchéité et d’alimentation. Il évapore chaque été plus de la moitié de son contenu.
Le lac Trouble en détresse bien qu’on ne soit qu’à mi juillet.
Le lac « sans nom » (2631m) est plus résistant alors que plus haut, les lac Etoilés sont le plus souvent secs sauf celui situé au bord du chemin de Vautisse à 2710m.
Le joli lac sans nom 2631m et ses linaigrettes devant la crête des Rougnous.
Le plateau des lacs Étoilés moribonds dés le début de l’été.
Après un hiver mieux enneigé les lacs peuvent garder l’eau tout l’été.
Le petit lac de Prenetz (2710m) proche du sentier de Vautisse.
Derniers motifs hydrologiques :
La petite cuvette glaciaire du sommet de Vautisse dont la disparition risque d’être rapide.
Le glacier survivant du sommet de Vautisse fin septembre 2015. Survivra t’il aux canicules 2017 ?
Le joyau du Laus : ce lac fétiche des Roteirolles est sur la commune de St Clément. Son accès depuis le vallon de Couleau est tellement ardu par le ravin de Chambe Lève que son usage pastoral est concédé depuis toujours à Réotier. Ce petit lac au site extraordinaire doit son existence à un léger surcreusement glaciaire, à un gigantesque éboulement qui a renforcé le modeste verrou, à l’étanchéité du replat structural dans la stratification des nappes du flysch grâce à la présence de schistes noirs qui permettent aussi une modeste mais régulière alimentation par des petites sources sous le plateau supérieur de Prenetz.
Au pied des casses de Prenetz, au contact des schistes noirs imperméables, une ligne de sources remplit les deux cuvettes du site du Laus.
L’extraordinaire fauteuil perché du Vallon du Lac (Le Laus) : au dessous 1000 mètres d’escarpements de flysch s’abîment sur le torrent de Couleau ; au dessus des petites falaises gréseuses supportant le plateau de la crête de Prenetz. L’érosion a évidé les roches tendres de schistes et de marnes noires pour faire la place à cette rareté hydrologique par sa position et son altitude.
Incontestablement un des grands sites naturels de la Haute Durance. Les pasteurs paysans conscient du « miracle » de ce lieu y avaient édifié une petite chapelle dédiée à St Laurent et y montaient en pèlerinage chaque été.
LA DURANCE
Le « coude » de la Durance. Poussée par le Guil, elle vient buter sur les lames du Grépon (Crête des Buissonnas).
Reste la maîtresse des eaux, la reine du paysage de Réotier : la Durance. Divaguant entre 893m et 877m avec énergie au mieux des bancs de sable, de gravier et surtout de galets elle a fait cadeau à Réotier de ses deux seuls terroirs agricoles plats, fertiles, mécanisables valorisés par le remembrement de 1989 : la plaine de L’Iscle en aval de St Thomas et celle de l’Isclette en aval du confluent du Guil. Motif esthétique remarquable, faisant varier ses couleurs, son tracé, son débit et donc tout l’environnement de la vallée, elle peut connaitre des colères terribles comme en 1957, inonder la plus grande partie de ses plaines et ravager les zones agricoles. Son débit moyen se situe autour de 100m3/s, mais son régime nivo-pluvio-glaciaire est caractérisé par l’irrégularité. L’étiage véritable est en fin d’automne et début d’hiver. Le froid a figé les glaces et neiges d’altitude ; la rivière écoule la fonte résiduelle et surtout les pluies d’automne ou de neige fondante de moyenne montagne. En mars le débit enfle de plus en plus : la neige fond très haut et les pluies de printemps multiplient des ondes de crue plus ou moins puissantes. Quand les affluents de rive gauche comme le Guil doivent évacuer brutalement les lames d’eaux de retours d’est exceptionnels comme en juin 1957, la rivière sort de son lit et inonde toutes les zones basses.Son débit ponctuel peut être multiplié par dix, ou beaucoup plus puisque on a dépassé les 5000m3/s à Embrun. En amont du barrage de Serre Ponçon rien ne peut réguler son cours. C’est pour cette raison qu’il a fallu construire des digues aux emplacements les plus vulnérables et que le tracé de la voie ferrée Gap- Briançon reste toujours prudemment perché sur un talus surélevé.
En fin de printemps, début d’été les hautes eaux s’épuisent peu à peu.L e débit reste soutenu jusqu’en septembre au moins. Son régime est franchement glaciaire. Ainsi les habitants de Réotier peuvent suivre la vie de leur rivière grâce à sa couleur : l’eau transparente pour l’hiver, l’eau gris bleu, plus ou moins grise, plus ou moins bleue du printemps, l’eau bleu turquoise du cœur de l’été, épaissie par la farine de roche en suspension de la fusion accélérée des glaciers des Ecrins, surtout du Glacier Blanc, l’eau couleur chocolat des crues d’orage. Le moindre ruisseau se charge de boues et de roches donnant à la Durance une charge alluviale extraordinaire lui faisant modifier le tracé même de son lit… Grande rivière, belle rivière, la Durance est vivante, fantasque avant de s’apaiser dans le superbe lac de Serre Ponçon. La Durance est la providence de l’économie des Hautes Alpes.
Hautes eaux ! La Durance submerge la piste de liaison entre St Clément et l’Isclette.
En dehors de ses crises elle est une bénédiction pour les activités humaines. Autrefois les radeliers l’utilisaient comme artère de flottage du bois. Aujourd’hui c’est la valeur sûre touristique des sports aquatiques et des entreprises qui en vivent : raft, canoë, hydrospeed…Elles voit passer tous les jours de la belle saison des centaines d’adeptes, criant souvent leur joie aux spectateurs riverains. Même l’industrie a profité longtemps de sa manne avec l’extraction et le concassage de ses matériaux régulièrement réapprovisionnés à chaque période de hautes eaux. Mais une fois encore, l’inconséquence des hommes a détérioré ce cadeau de la nature. Par une extraction trop intensive sur une zone toujours plus étendue le lit de la rivière a été surcreusé. La conséquence en une génération est perceptible portant préjudice aux activités agricoles. Les nappes phréatiques de la plaine se sont enfoncées de plusieurs mètres surtout au niveau de l’Iscle. Il a fallu attendre la loi du 24/1/2001 pour que cesse cette pratique peu compatible avec l’intérêt général.
L’assèchement des champs est devenu inéluctable et il a fallu trouver un autre moyen pour irriguer. L’arrosage par aspersion s’est généralisé à l’Iscle mais là encore le risque de surexploitation de la ressource en eau est évident. Même les bassins de la pisciculture souffrent de cette variation du niveau d’eau. L’étiage de la rivière rend le remplissage du site plus difficile.Le changement climatique perturbe l’hydrologie de l’ensemble des bassins versant. La plus grande irrégularité des précipitations devrait inciter les décideurs locaux, régionaux et nationaux à anticiper pour adapter une gestion plus responsable de cette richesse commune.
La Durance, la barre terminale du Grépon coiffée de la ligne chemin de fer dominée par la Fontaine Pétrifiante.
Cachée à l’articulation de la vallée, la Fontaine pétrifiante échappera t’elle aux contingences de surface. Elle en a vu passer des hommes pendant des siècles avant de voir passer les trains sans varier son rite immuable de concrétionnement. Pourtant pourra t’elle échapper longtemps à des modifications continues de son environnement qui touchent probablement les conditions de son alimentation en eau en profondeur ?
LISTE DES ÉLÉMENTS HYDROGRAPHIQUES RÉPERTORIÉS PAR IGN 1/25000ème
- Lac Etoilé 2711
- Rive droite du torrent de Feyssolles jusqu’à 2470m
- Lac Etoilé 2631
- Lac des Terres Noire 2720
- Lac Trouble 2474
- Torrent de l’Alp devenant Torrent de Saint Thomas au dessous du plateau de l’Alp 2300m se jetant dans la Durance à 893m
- Torrent de Bouffard entre 2410m au point 1724 où il passe sur la commune de Saint Crépin
- Lac du Laus 2549m entièrement sur la commune de Saint Clément
- Torrent non nommé du ravin du Clot affluent rive droite du torrent de saint Thomas à 1310m
- Torrent non nommé de Pré Michel affluent rive droite du précédent à 1330m
- Ruisseau temporaire du ravin de Piolet
- La DURANCE, rive droite à partir de 893m avec la confluence du Guil à 887m , totalement sur la commune à 876m et sortant de la commune en aval au point 877m ?
- La fontaine pétrifiante et le très court ruisseau de la pisciculture
- Le Rialet ruisseau alimenté par le canal de Truchet
- Le ruisseau de la grande Combe transformé en canal à l’Isclette
- Le torrent temporaire de Pinfol sortant de la commune à la côte 1050m de La Clapière
Sources répertoriées IGN :
- Cabane de la Selle 2000m
- Les Eymars 1740m
- Cabane du Vallon 2000m
- Réservoir et fontaine de Mikéou 1500m
- Citerne de Manouel 1500m
- Réservoir du Cros1060m
- Elevage pisciculture 887m
- Fontaine pétrifiante 890m
- Fontaine des Moulinets 990m
- Source captée virage des Casses 1180m
- Source captée des Mensolles 10330m
- Source captée des Garniers 1120m
- Source des Casses alimentée à 1320m par le canal de Manouel
- Citerne de Pinfol 1530m