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Les Picato-preïres

Picato-preïres était le sobriquet des habitants de Réotier....

Ce nom veut dire « ceux qui ont fait dégringoler le prêtre ». L’origine en est imprécise : on pense généralement qu’elle remonte aux guerres de religion qui ont fortement affligé la région. La propagande des catholiques et des protestants attisait les haines. Le curé Albert dans son Histoire naturelle , ecclésiastique, et civile du diocèse d’Embrun (1783) raconte : « Si nous quittons la vallée de Queyras pour revenir dans l’Embrunais, nous verrons qu’à Réotier le curé y souffrit le plus cruel martyr : on eut la barbarie de prendre un tonneau que l’on garnit en dedans de pointes de clous, on l’enferma ensuite dans le tonneau et on le lança du haut de la montagne vers la Durance le long des rochers et des précipices. Son corps dut être percé et déchiré mille et mille fois (…) »

Le fait n’est pas isolé : un autre auteur catholique raconte que dans un autre village « en 1574 il vint certaines gens qui apportèrent la religion prétendue réformée dans ce pays ; exerçant plusieurs cruautés à ceux qui ne voulaient pas changer, enterrèrent (le curé) tout vif devant la porte du cimetière jusques à la tête. Et puis ils lui jouèrent aux boules à la tête. Et le vicaire, l’ayant mis dans un tonneau, ils lui enfoncèrent des chevilles dedans et le firent rouler au dessous de l’église jusques à la rivière où il mourut. » (Van Gennep Les Hautes Alpes traditionnelles, Ed. Curandera).
Depuis, heureusement, les mœurs locales se sont fortement adoucies !

Une autre version de l’affaire est transmise par la tradition orale : Les faits sont identiques mais l’origine est différente : il ne s’agit plus de guerres de religions mais le prêtre était, paraît-il trop attentionné auprès de certaines de ses paroissiennes, ce qui provoqua la colère des hommes du village.